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Le scoutisme au fil du temps


1912-2012: 100 ans de mouvement

Un siècle nous sépare de l’heureuse initiative de Louis Blondel qui aboutit à la fondation du scoutisme à Genève. Il va sans dire que bien des choses changent en cent ans, ou plutôt que peu de choses de changent pas. Qu’en est-il du scoutisme, ce mouvement qui s’est rapidement épanoui à travers le monde et qui, de génération en génération, a marqué la vie de nombreux habitants de Genève? Bien des anciens scouts se surprennent parfois à penser que, de leur temps, c’était différent et ils ont bien sûr en partie raison. Mais que se passerait-il si un scout de 1912 partait camper l’été prochain avec un groupe du canton? Qu’est-ce qui, des divergences ou des points communs, l’emporterait?

Ce 100e anniversaire a été pour nous l’occasion de plonger – au propre comme au figuré – dans le passé du scoutisme genevois. En effet, nous avons exploré les milliers de documents, photos et objets patiemment accumulés au cours du temps dans les archives de l’Association du scoutisme genevois (ASG). Une sélection de ces documents d’archives, reflétant non seulement des événements marquants de l’histoire du scoutisme à Genève, mais également comment le scoutisme a été pratiqué au cours de ce siècle, ont été la base des deux expositions, Le scoutisme au fil du temps et 100 ans de mouvement. La première adopte une approche chronologique pour présenter l’histoire du scoutisme genevois à travers des documents d’archives originaux, alors que la deuxième décrit les spécificités du scoutisme en illustrant leur évolution. Ce recueil contient des reproductions que vous pouvez découvrir de manière chronologique, avec parfois une photo plus récente permettant la comparaison entre époques.

Alors, le scoutisme a-t-il changé? Il s’est clairement adapté aux changements de la société mais il a su rester fidèle à ses principes et objectifs fondamentaux. Ce qui apparaît en filigrane de l’ensemble de ces témoignages du passé, c’est qu’au-delà des formes, l’aventure scoute représente une expérience de vie unique pour les jeunes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Laslo Biro-Levescot – Maîtrise cantonale de l’ASG
Emmanuel Ducry – Archives d’Etat
Anouk Dunant Gonzenbach – Archives d’Etat
Nicolas Fischer – Comité de l’ASG
Jean-Claude Maillard – Archiviste de l’ASG

Le scoutisme au fil du temps

Grâce à cette nouvelle exposition, les Archives d’Etat ont l’avantage de présenter l’histoire d’un siècle traversé par une jeunesse genevoise éprise d’idéalisme. En effet, le centième anniversaire du scoutisme genevois est célébré en 2012 à travers diverses manifestations. L’exposition intitulée Le scoutisme au fil du temps est le fruit de la collaboration entre l’Association du scoutisme genevois et les AEG. Elle a par ailleurs permis le rapprochement de plusieurs générations, puisque M. Denis Blondel, fils du fondateur du mouvement genevois, Louis Blondel, le célèbre archéologue cantonal, a confié quelques souvenirs à cette équipe de travail.

L’exposition visite le passé de ce mouvement, marqué par les deux guerres mondiales, durant lesquelles les scouts se sont illustrés en proposant leur aide à la communauté. Car, si la Suisse et Genève ont été épargnés par ces conflits et n’ont pas eu à subir directement les horreurs de la guerre, la population n’en a pas moins ressenti les effets à divers degrés. L’aide apportée alors, comme à de multiples occasions, par les mouvements scouts fut appréciée.

Durant tout le XXe siècle, le mouvement scout est resté fidèle à l’idéal de départ. Ce dernier vise le développement de la jeune personne dans son intégralité, à savoir la relation à soi, à son corps, aux autres, à son environnement et à la spiritualité. C’est donc l’histoire de cet idéal, à travers celle des scouts genevois, qui est ici retracée.

Les Archives d’Etat sont heureuses de mettre à la disposition de cette association leurs vitrines d’exposition pour deux raisons. Premièrement, cet événement permet aux visiteurs d’ici et d’ailleurs, et aux jeunes scouts en particulier, de mieux connaître l’histoire du mouvement. C’est aussi l’occasion d’attirer aux AEG un public qui n’aurait peut-être pas le réflexe de franchir leur seuil. Deuxièmement, la mise en valeur d’un fonds d’archives dites privées rappelle aux milliers d’associations que leurs archives sont à la fois la source essentielle pour écrire leur propre histoire, mais aussi leur identité, qu’il convient de valoriser.

Pierre Flückiger, archiviste d’Etat

1. Baden-Powell


Les origines de ce qui mènera à la création du scoutisme remontent au siège de Mafeking en Afrique du Sud, au cours de la Guerre des Boers (1899-1902). Lord Robert Stephenson Smyth Baden-Powell y sert comme officier de commandement. Pour sauver la ville des troupes boers qui l’assiègent pendant 217 jours, Baden-Powell utilise les jeunes de la ville comme messagers à pied et à vélo ainsi que comme observateurs, sentinelles et éclaireurs. Baden-Powell restera fortement marqué par cette expérience avec les jeunes. Il réalise qu’ils ont des capacités étonnantes, pourvu qu’on leur fasse confiance.

En 1907, Baden-Powell organise un premier camp pour des garçons sur l’île de Brownsea en Angleterre. Il y teste avec succès ses idées d’éducation par le jeu, l’indépendance et la confiance. Il publie ses observations et son projet éducatif dans un livre paru en 1908 et intitulé Scouting for Boys (scouting signifiant l’art des éclaireurs). Ces idées trouvent immédiatement un accueil enthousiaste parmi les jeunes et le livre est utilisé par des éducateurs. Le scoutisme prend dès lors un essor fulgurant dans le monde entier. En 1910, Agnès Baden-Powell, sa soeur, crée le mouvement féminin, les «Girl Guides». En 1912, Baden-Powell épouse Olave St Clair Soames, qui devient chef-guide mondiale et qui sera appelée Lady BP.

Les idées de Baden-Powell s’inscrivent dans le courant pédagogique de l’éducation nouvelle né à la fin du 19e siècle. Celui-ci défend le principe d’une participation des individus à leur propre formation. L’enfant doit être actif et participatif dans les processus d’apprentissage. Ce mouvement s’accompagne de nouveaux moyens et matériaux pédagogiques.

Dans la mouvance des initiatives qui se prennent un peu partout, Edouard Claparède fonde à Genève en 1912 l’Institut Jean-Jacques Rousseau, ancêtre de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation. Situé à la rue de la Taconnerie, cet institut a pour premier directeur Pierre Bovet, traducteur en français de l’ouvrage Scouting for Boys de Baden-Powell. Certains de ses collaborateurs sont également actifs dans le mouvement scout, à l’instar de Ketty Jentzer, l’une des fondatrices du mouvement genevois des éclaireuses et traductrice du Livre des éclaireuses, du même Baden-Powell. Les scouts louent à l’Institut Jean-Jacques Rousseau une salle qui sera utilisée comme premier local pendant environ deux ans.

2. Le Jeunesse-Club


En 1905 est créé à Genève le Jeunesse-Club. Celui-ci a pour vocation de réunir des jeunes dès 15 ans, de milieux ouvrier et universitaire. En 1908, une «section cadette» y est ouverte pour les jeunes de 12 à 15 ans. Louis Blondel, qui vient de terminer ses études, lit en 1911 le livre Scouting for Boys. A la demande du comité du Jeunesse-Club, il introduit les principes scouts dans la section cadette, qui est rapidement transformée en groupe d’éclaireurs. On lit dans le rapport du Jeunesse-Club pour l’année 1912 qu’ils «possèdent un recueil de lois qu’ils doivent savoir par cœur, un béret aux couleurs du Club et un bâton numéroté». Les sorties sont l’occasion de leur enseigner la connaissance du terrain, l’ordre et la discipline, de développer en eux l’initiative individuelle, l’entraide et le sentiment de loyauté.

D’autres groupes s’ouvrent à Genève, dont la section Chêne en 1912. Plusieurs sont issus des Unions chrétiennes, desquelles ils se distancient par la suite. Les structures de base voient le jour en quelques semaines. Louis Blondel dirige en mai 1912 un premier cours pour les chefs en six séances. Huit jeunes passent avec succès cette première session d’examens. La diffusion rapide du scoutisme dans le cadre genevois illustre bien comment la méthode scoute vient se greffer sur des groupes de jeunesse déjà existant. D’abord isolés, ces derniers se fédèrent rapidement. Le 19 septembre 1912 a lieu la séance constitutive du Comité cantonal genevois des éclaireurs suisses (qui deviendra l’AGES, Association genevoise des éclaireurs suisses) ; Louis Blondel est nommé président.

3. Louis Blondel (1885-1967)


Louis Blondel effectue ses études à Genève, Munich et Paris. En 1913, il est appelé à diriger le service dit «du Vieux-Genève». En 1920, une nouvelle loi institue une commission pour la conservation des monuments et la protection des sites. Suite à la promulgation de cette loi, Louis Blondel devient en 1923 archéologue cantonal, fonction qu’il occupera jusqu’en 1963. Son activité scientifique est intense : il participe activement à la vie des sociétés savantes genevoises et suisses et est notamment membre de la Société d’histoire et d’archéologie, qu’il préside en 1923 et 1924. Il appartient pendant 21 ans à la Commission fédérale des monuments historiques, et en est le vice-président pendant 17 ans. Il préside pendant 7 ans le conseil de la Société de l’histoire de l’art en Suisse, et est membre du comité de la Société suisse de préhistoire et de la commission de l’Institut de préhistoire et d’archéologie de la Suisse. Il tient chaque année de 1944 à 1963 la chronique archéologique de la revue Genava et effectue nombre de recherches aux Archives d’Etat. Il reçoit de nombreuses distinctions (universités de Bâle, de Genève, sociétés savantes de Haute-Savoie, etc.) Louis Blondel est également membre du Conseil municipal de Lancy de 1918 à 1931.

Louis Blondel est en 1911 à l’origine de la première section éclaireurs du Jeunesse-Club et devient ainsi le fondateur du scoutisme à Genève. Le 19 septembre 1912, il crée le Comité cantonal genevois des éclaireurs, qu’il préside jusqu’en 1918. Il est chef cantonal jusqu’en 1929, avant de devenir vice-président du comité de l’AGES jusqu’en 1934, puis membre du comité jusqu’en 1958, date à laquelle il est nommé membre d’honneur.

Au niveau suisse, Louis Blondel est nommé en mars 1912 vice-président du Comité central des éclaireurs suisses, qui devient en octobre 1913 la Fédération des éclaireurs suisses (FES), dont il est cofondateur et vice-président jusqu’en 1918. Entre 1927 et 1934, il est le commissaire fédéral pour la Suisse romande et dirige plusieurs cours Gilwell (formation de cadres reconnue internationalement et dont l’insigne comporte notamment des tisons en bois). Louis Blondel est chef suisse entre 1934 et 1946, puis président de la FES entre 1946 et 1957. En 1957, il est nommé président d’honneur de la FES. Son totem (ou nom de scout) est Grand Sachem.

4. Années 1910


Les structures se consolident. La loi, règle de vie scoute, ainsi que la promesse sont des points forts du scoutisme naissant, tout comme la formation des chefs et la progression technique. Le mouvement scout est très vite associé aux événements officiels tels que le cortège de l’Escalade ou les cérémonies du 1er juin. Ces liens avec les autorités se manifestent également pendant la guerre. Le comité genevois organise une permanence qui permet de centraliser toutes les demandes des institutions et des particuliers. Les bénéficiaires en sont les services de l’Etat, la Croix-Rouge, l’Agence internationale des prisonniers de guerre, les Soupes populaires, le Transport de pain pour les soldats, la Société coopérative suisse de consommation, les télégraphes. Les scouts apportent également une aide aux paysans en manque de main-d’œuvre suite à la mobilisation. Les éclaireurs servent de porteurs et de guides pour les nombreux soldats de passage à la gare de Genève. La Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) offre la gratuité aux éclaireurs en uniforme pour faciliter leurs déplacements.

En 1916, le mouvement féminin des éclaireuses (les fondatrices choisissent le nom de Girl Scout) est créé à Genève, notamment à l’initiative de Constance Ledderey, qui deviendra la première cheftaine cantonale, et d’Yvonne Achard. Les instructrices, qui prendront en 1926 le nom de cheftaines, se préparent et acquièrent les connaissances nécessaires avec l’aide des responsables éclaireurs avant de réunir les jeunes filles. Six sections d’éclaireuses sont formées pour un total d’une centaine de filles. Ketty Jentzer, enseignante d’éducation physique à l’Institut Jean-Jacques Rousseau, auteure d’un manuel de jeux de plein air et d’intérieur et traductrice du livre de Baden-Powell Eclaireuses, est nommée présidente du comité, dit Comité auxiliaire. En uniforme kaki jusqu’en 1922, elles deviennent ensuite les «jeunes filles en bleu», puis reviennent à la chemise kaki au début des années 90. En juillet 1917, leur premier camp cantonal a lieu à Saint-Cergue.

5. Années 1920


Les éclaireurs participent aux jamborees, des rencontres scoutes internationales qui se tiennent tous les quatre ans dans un pays différent. On est là au cœur de l’idéal scout qui voit dans le cosmopolitisme, dans les rencontres entre jeunes de tous les pays un moyen de faire obstacle à la guerre. Si Baden-Powell est le moteur de la création de ces réunions internationales, ce sont également des idées qui sont dans le vent de l’époque. Elles donneront naissance à la Société des Nations et le scoutisme genevois se développe en même temps que la Genève internationale. Le premier jamboree a lieu à Londres en 1920. La délégation suisse, emmenée par Louis Blondel, comprend une vingtaine de Genevois. Les éclaireuses organisent en 1927 un premier camp international dans le parc de l’Ariana. Cet idéal se décline également en Suisse avec l’organisation des camps nationaux, qui rassemblent des jeunes de tous les cantons. Le premier d’entre eux se tient à Berne en 1925.

L’exposition liée au centenaire du scoutisme genevois se place dans une longue tradition puisque qu’en 1922 le mouvement fête ses 10 ans d’activité. Les trois branches, louveteaux (8-12 ans), éclaireurs (13-16 ans), routiers (17-20 ans) sont désormais représentées, les routiers apparaissant en 1919 et les louveteaux en 1920. Cet anniversaire est marqué par divers événements, fanion d’honneur, rassemblement sur la propriété de Louis Blondel et manifestation publique à la salle de la Réformation. Le passage à Genève de Baden-Powell, bien que sans lien direct avec l’événement, vient couronner les célébrations.

6. Années 1930


Dès la fin des années vingt, les responsables du scoutisme genevois sont préoccupés par l’apparition de nombreux groupes se situant en marge des scouts tels que les «Faucons rouges» et «Amis des enfants» d’inspiration communiste, les Jeunesses hitlériennes en Allemagne, les Balillas italiennes, voire de certaines mouvances scoutes ne suivant pas les préceptes de Baden-Powell. Contrairement à ces mouvements de jeunesse qui naissent alors ailleurs en Europe, le scoutisme a pour objectif le développement de l’individu et non l’avènement d’un ordre nouveau. Les régimes totalitaires ne s’y trompent pas: une de leurs premières actions sera d’interdire le scoutisme pour faire place nette à leurs propres mouvements de jeunesse. L’uniforme scout est ainsi confisqué et réutilisé pour faire passer un tout autre message. Cet usage des attributs du scoutisme brouillera durablement l’image du mouvement.

En juillet 1932, le deuxième camp national du mouvement scout suisse se tient à Genève, plus précisément à Cologny, où est construite une ville de tentes qui abritera dix jours durant quelque 4000 scouts confédérés. Les éclaireurs genevois consacrent leur premier mois de vacances à la construction du camp. On y trouve une banque, un théâtre, une poste, des locaux pour la presse et des magasins. Baden-Powell vient d’ailleurs visiter le camp.

7. Années 1939-1945


Les relations du scoutisme des années 1920-1940 avec l’armée sont à remettre dans le contexte d’une période marquée par deux conflits mondiaux. Les responsables du scoutisme sont conscients dès sa création qu’il est nécessaire d’éviter une trop grande proximité avec l’armée. Toutefois, les défilés, les drapeaux, quand ce n’est pas une présence militaire, sont souvent présents en arrière-fond, en particulier lors des célébrations officielles. Il est clair que la formation offerte par le scoutisme, l’orientation, la vie dans la nature, les activités physiques intéressent l’armée. Ce lien est renforcé par ceux qui poursuivent des carrières d’officiers. Pourtant, le scoutisme a d’une part un idéal de cosmopolitisme visant à faire obstacle à la guerre et d’autre part l’idée de former des individus indépendants capables de penser par eux-mêmes. On est là en complète contradiction avec l’obéissance aveugle exigée par l’armée. Le scoutisme se retrouve donc prisonnier entre des attributs, l’uniforme, les défilés qui lui donnent des apparences militaires et un message qui en est l’exact contraire. C’est ainsi que, dans un même livre d’or, on peut trouver à quelques pages de distances une apologie de la défense nationale et une vision plus nuancée des relations avec l’armée…

En réponse à l’ordre de mobilisation générale du 1er septembre 1939, les scouts se mettent à disposition des autorités cantonales. Le chef scout suisse, Louis Blondel, publie une circulaire intitulée Activité des éclaireurs en cas de mobilisation et de guerre. Une centrale est alors mise sur pied dans les locaux de l’association, pour coordonner les activités du mouvement scout genevois et, comme lors de la Première Guerre mondiale, répondre aux demandes d’aide. Celles-ci sont nombreuses: aide aux travaux des champs, aide à la fonction publique, port de messages, transport des bagages des expatriés à la gare Cornavin, travail dans les laiteries ou les boulangeries, soutien aux activités de la Croix-Rouge. Entre septembre et décembre 1939, ce sont des dizaines de milliers d’heures de travail qui sont accomplies par les scouts dans le cadre des services urbains et ruraux. L’implication est telle qu’elle suscite des réactions dans les journaux, qui reprochent aux scouts de voler le travail des chômeurs. Temporairement interrompues, les interventions reprennent en 1941 sur un rythme moins intense et surtout plus soutenable sur le long terme.

8. Après-guerre et années 1950


Le scoutisme de l’après-guerre est un scoutisme qui se cherche. Au-delà de la disparition de la figure de Baden-Powell en 1941 au Kenya et des difficultés que le mouvement a connues pendant la guerre avec la mobilisation de ses cadres, on constate que le scoutisme est désormais moins en phase avec les attentes des jeunes. Dès 1945, Lady Baden-Powell entame une grande tournée mondiale pour resserrer les liens entre les scouts de tous les pays et pousse aux réformes. Sous l’effet des discussions, la théorie évolue mais la pratique reste en décalage. La volonté de réforme est néanmoins là. Il faudra une bonne quinzaine d’années pour trouver une voie capable d’intéresser les jeunes sans trahir l’idéal de Baden-Powell. Ces années vont également connaître un début de rapprochement entre filles et garçons, qui connaissent les mêmes problèmes d’adaptation et de recrutement.

En 1952, le mouvement scout genevois fête son 40e anniversaire lors de deux jours de fête, avec comme apothéose une grande démonstration au parc des Eaux-Vives, le 18 mai.

En 1956, ce sont les éclaireuses genevoises qui célèbrent à leur tour leur 40e anniversaire. Activités, camp modèle et buffet sont à l’affiche.

9. Années 1960-1970


A peine ces évolutions ont-elles porté leurs fruits qu’arrivent les années soixante et leur cortège de contestations. Mai 68 ébranle le mouvement comme le reste de la société. Tout est remis en question: l’uniforme, l’organisation hiérarchique, le système des patrouilles et le regroupement des jeunes par catégories d’âge. Le scoutisme genevois des années 1960 à 1980 sera marqué du sceau de la fragmentation. Cette évolution a plusieurs origines. D’une part les évolutions, essais, adaptations de la méthode scoute, parfois drastiques, faites dans l’esprit de contestation des années soixante. D’autre part, des tensions au niveau européen entre scouts protestants et catholiques vont aboutir à la création d’un mouvement scout pan-européen, catholique et conservateur, qui prend le nom de «Scouts d’Europe». Cette évolution aura des répercussions à Genève puisqu’en 1973, une partie des troupes catholiques genevoises rejoignent les scouts d’Europe. Nombre d’entre elles feront cependant marche arrière au cours des années suivantes.

En mai 1976, la région italienne du Frioul est partiellement détruite par un tremblement de terre. L’Etat italien, submergé, lance un appel à l’aide. Un an plus tard, à Pâques, plus de 400 scouts genevois partent au Frioul pendant 10 jours. Cette action d’engagement apporte un regain d’énergie au mouvement genevois.

10. Années 1980


A l’inverse de la période précédente, les années quatre-vingt connaissent un grand mouvement de réunification. Tout d’abord avec le retour, à quelques exceptions près, des troupes qui avaient rejoint les scouts d’Europe, puis, en 1989, avec la fusion de l’Association genevoise des éclaireurs suisses (AGES) et de l’Association genevoise des éclaireuses suisses (AGESES) au sein de l’Association du scoutisme genevois (ASG).

En 1987, la flottille «Calypso», unité nautique, voit le jour. Elle existe encore aujourd’hui. Un premier essai de scouts nautiques avait eu lieu entre 1934 et 1936 avec la flottille «Amiral de Gallatin».

11. Années 1990-2000


Cette période est marquée par la crise du bénévolat. Les effectifs, qui depuis le début sont un souci constant des responsables cantonaux, sont également malmenés par la tendance au zapping de la société. Le mouvement scout se lance donc dans l’organisation de grandes manifestations, souvent à tendance humanitaire, et surtout bien plus médiatisées que par le passé. «Mouillons-nous pour les autres» (1989), l’«Equipe mines» (1996), «Défi du Fort» (1997), «Global March» (1998) sont autant de noms qui résonnent encore aux oreilles de ceux qui ont vécu ces événements.

L’économat cantonal qui fournissait au scout le matériel tel que les chemises, chansonniers et badges se transforme. En 1999, après de gros travaux au centre scout à la rue du Pré-Jérôme, le magasin prend le nom de «Terre d’aventures» et s’ouvre au public scout et non scout. Il propose désormais, en plus des uniformes et des effets scouts, du matériel et des habits pour le voyage, le trekking et le camping.

12. Aujourd’hui, 100 ans et en pleine jeunesse


En 2012, le mouvement est différent de ce qu’il était hier et avant-hier, mais il est toujours présent. Cette capacité d’adaptation aux exigences de son temps tient au fait qu’il est constitué de jeunes au service des jeunes. Ce lien avec les aspirations de la jeunesse de son époque a permis sa survivance à travers un siècle d’une histoire mouvementée.

Toujours confronté aux difficultés de recrutement – mais cela a de tout temps été un souci pour ses responsables -, l’association du scoutisme genevois reste cependant la plus grosse organisation de jeunesse du canton, avec 1200 membres en 2012.


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