Accueil | Expositions | Histoire de savoirs

Histoire de savoirs


Exposition organisée à l’occasion du 175e anniversaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, présentée aux Archives d’Etat de Genève du 31 mai 2013 au 15 avril 2014.

La Société d’histoire et d’archéologie de Genève (SHAG), association à but non lucratif, consacre ses activités à l’étude et à la promotion de l’histoire et de l’archéologie de Genève et de sa région, de l’Antiquité au XXe siècle. Fondée en 1838 par Henri Boissier, professeur de belles-lettres, de chimie et d’archéologie, elle ne rassemble au départ qu’une quinzaine de ses collègues et amis. Elle compte aujourd’hui 300 membres.

Les premiers contacts avec des sociétés et institutions savantes suisses et étrangères datent de 1838 déjà : la Société antiquaire de Zurich et la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques sont les deux premiers liens établis par la SHAG. Durant son premier demi-siècle, elle entre en relation avec pas moins de 124 sociétés correspondantes, alors qu’elle ne compte qu’une centaine de membres effectifs. La SHAG échange actuellement ses publications avec 182 sociétés correspondantes, surtout en Europe, ainsi qu’au sud de la Méditerranée et aux Etats-Unis.

Correspondants SHAG en France
Sociétés savantes correspondantes de la SHAG en France …

Correspondants SHAG dans le monde
… et ailleurs

1. Les premiers combats de la Société d’histoire et d’archéologie


La SHAG s’engage très tôt dans l’étude archéologique. Elle fouille ainsi dans les années 1838-1849 les ruines du château de La Bâtie-Rouelbeau, des cimetières du Haut Moyen Age, l’ancien palais épiscopal, le temple de Saint-Gervais, la cathédrale, etc.

La Société défend en outre âprement la sauvegarde du patrimoine monumental genevois, par exemple en obtenant en 1898 la conservation de la tour de l’Ile, construite au XIIIe siècle.

BGE, CIG, VG 617
L’arcade du Bourg-de-Four peu avant sa démolition, Jules Hébert, 1840 (BGE, Centre d’iconographie genevoise, VG 617)

SHAG, Pierre-des-Fées
Relevé des «Pierres-des-Fées» à Reignier (France, Haute-Savoie), Jean-Daniel Blavignac, 1847 (SHAG)

BGE, Centre d'iconographie genevoise, 18.02.115
La Tour de l’Ile en septembre 1898, Emil Pricam (BGE, Centre d’iconographie genevoise, 18.02.115)

BGE, CIG, 18.04.88
Vue des fondations de la tour dégagées en 1898 (BGE, Centre d’iconographie genevoise, 18.04.88). Les travaux de rénovation ont permis de découvrir une série de pierres sculptées d’époque romaine remployées pour former les assises du bâtiment

2. Les grands thèmes d’étude


La Société d’histoire et d’archéologie inaugure dès 1838 un vaste programme d’étude qui touche aussi bien l’histoire, l’histoire de l’art et l’archéologie que la numismatique, l’héraldique, l’imprimerie, la médecine, la généalogie, etc. A travers de nombreuses conférences, visites et publications, elle s’intéressera plus particulièrement à l’histoire politique, institutionnelle, économique, sociale, culturelle et religieuse de Genève.

SHAG, Feygères
«Trésor de Feygères», Jean-Daniel Blavignac, 1849 (SHAG)

SHAG, ms. Vidart 6
«Histoire de Sergy et de ses seigneurs par Charles Vidart 1887» (AVG, SHAG, ms. Vidart 6)

SHAG B. 1/1, p. 30
«Notes sur quelques découvertes d’antiquités faites à Genève», 1848, inscriptions relevées sur l’actuelle Ile Rousseau et «Vue de la porte où aboutissait le pont à l’ancienne Isle des Barques» (AVG, SHAG B. 1/1, p. 30)

MDG 64, p. 136
Un volume d’archéologie récemment édité par la Société: Charles Bonnet, en collaboration avec Alain Peillex, avec les contributions de Matthieu Demierre, Matthieu Poux et Matteo Campagnolo, 
Les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, Le centre urbain de la protohistoire jusqu’au début de la christianisation, coll. Mémoires et documents, tome 64, Genève, 2009, fig. 79, p. 136, «Vue reconstituée du centre urbain et de la porte du Bourg-de-Four au début du IVe siècle»

3. La SHAG et les grandes commémorations


La Société d’histoire et d’archéologie veille à entretenir le souvenir des personnalités marquantes de l’histoire de Genève en faisant poser, dès les années 1920, des plaques commémoratives, voire en érigeant en 1942 une statue en l’honneur de Charles Borgeaud, professeur d’histoire et de droit constitutionnel.

A travers des conférences et des publications, la Société participe également aux grandes commémorations locales et nationales, par exemple pour rappeler l’indépendance de Genève et son entrée dans la Confédération en 1813-1815.

4. L’histoire en société


A l’origine, toute personne désirant entrer dans la Société devait être présentée par deux membres et réunir six autres soutiens. Les conditions d’admission seront simplifiées au début du XXe siècle, permettant à la Société de compter 200 membres en 1908 et 300 en 1930. Les premières femmes sont reçues en 1914. Aux effectifs ordinaires s’ajoutent à partir de 1839 des membres correspondants choisis dans le monde entier.

C’est l’une des tâches du Comité que d’organiser les réunions, bimensuelles d’abord, puis mensuelles, offertes aux membres de la Société. Conçues comme de véritables laboratoires, elles permettent aux membres qui le souhaitent d’exposer leurs recherches, avec un constant souci de pédagogie. Ainsi, le plus souvent possible, l’orateur apporte des dessins, des cartes, voire même des objets, pour mieux illustrer son propos. Dès que la technique le permettra, des projections lumineuses agrémenteront ces soirées. Il n’est pas rare non plus que les séances se terminent au domicile de l’un ou l’autre membre.

Quoique les activités habituelles de la Société soient des plus sérieuses, cela ne l’empêche pas d’organiser quelques studieuses et conviviales «courses» et visites dans la région genevoise et les pays limitrophes. La première de ces excursions a lieu en 1868, dans le Mandement. L’événement a même droit à un article dans le Journal de Genève ! Quinze ans plus tard, en 1883, une nouvelle sortie amène les membres à Mornex. Dès lors, à quelques exceptions près, notamment durant les deux guerres mondiales, la Société organise régulièrement une sortie annuelle, fixée depuis quelques décennies au jeudi de l’Ascension.

5. La SHAG s’expose


De 1883 à 1914, la Société d’histoire et d’archéologie décide de promouvoir ses activités en participant aux expositions nationales organisées à Zurich, Genève et Berne. Elle reçoit en 1896 une médaille d’argent pour ses publications. Mais le coût dispendieux des manifestations la dissuadera d’exposer ensuite ses travaux.

6. Le plus ancien éditeur genevois encore en activité (1840-2013)


De 1840 à nos jours, la Société d’histoire et d’archéologie a publié environ 200 livres. Elle est éditrice de trois collections : les Mémoires et documents, le Bulletin annuel et les Cahiers destinés aux travaux d’étudiants, auxquelles s’ajoutent des volumes hors-série. Ces ouvrages sont considérés comme des références et bon nombre reconnus au niveau international.

Pour mener à bien ses activités éditoriales et entretenir ses liens avec les sociétés et institutions savantes correspondantes, la Société a bien sûr besoin de financement. Les cotisations permettent de couvrir les frais courants, dont la publication du Bulletin dès 1892, mais, pour toutes les autres publications, le Comité fait très régulièrement appel à la générosité de ses membres et amis, ainsi qu’aux autorités publiques.

 

7. Les collections de la SHAG


Dès ses débuts, la Société d’histoire et d’archéologie veille à acquérir du mobilier archéologique et des œuvres d’art. Elle constitue également de riches collections de manuscrits anciens, d’imprimés, de photographies, de pièces et médailles. Si la majeure partie est ensuite donnée aux musées et aux bibliothèques de Genève, la SHAG reste aujourd’hui détentrice d’un bel ensemble de documents originaux réalisés du XIIIe au XXe siècle.

La Société possède sans doute très tôt une collection de monnaies et de médailles, mais c’est par un don important en 1872 qu’elle se retrouve propriétaire de plus de 6600 pièces, dont 85 en or. Un inventaire est dressé et ce riche ensemble est mis à disposition des membres, par l’intermédiaire d’une personne habilitée à posséder les clefs du médailler acheté pour l’occasion. Ces précautions n’empêcheront toutefois pas un membre indélicat de vendre à son profit, entre 1890 et 1900, les plus belles pièces à divers antiquaires de la place. Une fois découvert le vol, irréparable faute de moyens pour racheter les objets dérobés, la Société se résoudra en 1912 à faire don du reliquat, soit tout de même plus de 1000 pièces, au Cabinet de numismatique du Musée d’art et d’histoire.

Dès la fin des années 1880, Jaques Mayor (1865-1929), membre très actif dès son entrée dans la Société en 1887, prend conscience de l’intérêt de la photographie pour documenter les principaux monuments de Genève ou les bâtiments en cours de démolition. Avec Max van Berchem (1863-1921) et Camille Martin (1877-1928), des campagnes photographiques sont menées, notamment par le photographe Frédéric Boissonnas. Les clichés acquis par la Société, à titre documentaire ou pour illustrer ses publications, sont donnés dès 1909 à ce qui deviendra le Service du Vieux-Genève, actuel Centre d’iconographie genevoise, créé en 1907, dont Camille Martin est le premier conservateur.

Gustave Revilliod (1817-1890), membre de la Société depuis 1854, en devient président en 1865 pour la seconde fois. A cette occasion, il décide de cacher dans son domaine de Varembé une boîte scellée dans laquelle, à côté des objets ci-dessous, on trouve un texte demandant que, «s’il existe encore une Société d’histoire et d’archéologie», le contenu lui soit remis lorsqu’il sera découvert. Ce sera chose faite en 1935, à l’occasion de travaux d’aménagement du domaine.

De nombreuses céramiques gallo-romaines ont été découvertes dans le quartier des Tranchées, comme le relate le tout jeune Henri Fazy (1842-1920) lors d’une séance de la SHAG en 1859. Provenant de contextes inconnus, car fruits de découvertes fortuites faites lors du démantèlement des fortifications et de l’urbanisation subséquente du quartier des Tranchées à partir de 1852, ces pièces ont été données par la Société d’histoire et d’archéologie au Musée cantonal d’archéologie le 3 septembre 1867.

La préservation et la restauration de ces vases reflètent le développement spectaculaire des collections d’archéologie régionale, conséquence du développement urbain de notre cité ainsi que de l’intérêt accru du monde savant genevois, et en particulier des membres de la Société d’histoire et d’archéologie, pour cette science en plein développement.


boutton pour remonter au click