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L’enfance en archives
Vaste sujet que celui de l’enfance! Dans toute société, les enfants font l’objet de sollicitude, de projets, de réflexions, car ils représentent l’avenir. Il faut les soigner, les éduquer, leur transmettre des valeurs afin d’assurer la pérennité de la société.
Les Archives d’Etat de Genève ont souhaité apporter leur contribution à une série d’événements consacrés, en automne 2001, à l’enfance: des colloques sur la pédiatrie et l’histoire des soins apportés aux enfants, des concerts et conférences, une exposition au Musée d’ethnographie (annexe de Conches) sur l’éducation des plus petits de 1815 à 1900. Il s’agissait de repérer les traces des enfants dans les documents écrits et iconographiques, dans les archives officielles avant tout, mais aussi dans les papiers privés déposés aux AEG.
Archives officielles: l’exposition est profondément marquée par la nature des documents que conservent les AEG. En effet, quels enfants laissent des traces dans les archives publiques ? Davantage ceux qui ont rencontré des difficultés dans leur vie que d’enfants “sans histoires”. C’est ainsi que plusieurs vitrines sont consacrées aux enfants trouvés, aux enfants abandonnés et aux orphelins pris en charge par l’assistance publique, aux enfants confrontés à la justice civile ou pénale, aux enfants malades. A travers la manière dont l’Etat se charge d’eux apparaissent les conceptions de l’enfance et de l’éducation. Mais les moments plus “normaux” de la vie des enfants sont aussi présents, avec l’instruction religieuse, l’ordre public (interdiction de lancer des marrons!), et le rite bien genevois des promotions scolaires.
L’abondance de la documentation nécessite une sélection sévère. C’est pourquoi l’exposition ne présente que des éclairages – en quelques vitrines on ne peut faire le tour de questions aussi importantes que l’éducation ou la pédiatrie ! Les thèmes abordés sont universels, mais leur mise en lumière est locale: le visiteur fera connaissance avec des institutions genevoises, comme l’Hôpital général, ancêtre de l’Hospice, l’Hôpital Gourgas et la Clinique de pédiatrie.
Une richesse dont Genève s’enorgueillit est la présence d’organismes internationaux. Dans le domaine de l’enfance, il faut relever l’Union internationale de secours aux enfants (UISE), fondée dans notre ville au lendemain de la première guerre mondiale pour venir en aide aux enfants victimes de la guerre et de la misère. La signature de la Déclaration des droits de l’enfant, dite Déclaration de Genève, en 1923, marque une étape importante dans la prise de conscience, à une échelle mondiale, de notre responsabilité collective à l’égard de la jeune génération.
Qui dit enfant, dit maman. Dans les siècles passés, la petite enfance constituait un domaine dans lequel le rôle des femmes était incontesté. Par extension, l’enfance en général a permis à beaucoup de femmes de prendre une certaine place dans la vie publique, place qu’on ne leur reconnaissait pas encore dans le monde politique. Par le canal de la bienfaisance (Société de charité maternelle à l’époque napoléonienne, Hôpital Gourgas, Déclaration des droits de l’enfant), bien des femmes ont pu mettre leurs talents au service de la société.
Barbara Roth-Lochner
L’illustration
Si, aux AEG, la majeure partie des documents sur l’enfant se compose de pièces administratives aux sujets difficiles, on y trouve aussi quelques ensembles illustrés magnifiques. De provenance privée, comme les archives de l’Union internationale de protection de l’enfance (AEG, Archives privées 92), ils figurent largement dans l’exposition.
Pour illustrer notre propos et animer les vitrines, nous avons eu recours, en plus des documents historiques conservés dans nos fonds, à des illustrations de types et de sources divers:
- Les frises, tout d’abord, séparent les différents sujets et renvoient le visiteur à ses propres souvenirs, par un jeu très libre d’associations d’idées. Les motifs sont extraits de manuels scolaires anciens de lecture – reconnaissez-vous La Ronde des Mots? – de chant, de travaux manuels, ainsi que de recueils d’ouvrages et du Carnet de bébé (AEG, Archives privées 105).
- Les petites scènes de jeux d’enfants sont des détails tirés de vues très connues de Genève, les gouaches et gravures de Geissler, L’Escuyer et Brun, (CIG, Coll. BPU).Enfin, nous avons encore sélectionné des photographies et cartes postales anciennes (CIG, Coll. Vieux-Genève et collections privées).
Véronique Probst
Les auteurs
La brochure de l’exposition a été rédigée par Barbara Roth-Lochner, archiviste d’Etat adjointe et actuelle conservatrice du cabinet des manuscrits à la Bibliothèque publique et universitaire, Nathalie Fanac, archiviste, et Véronique Probst, documentaliste, pour accompagner l’exposition L’enfance en archives.
Elle a bénéficié de la collaboration de Chantal Renevey Fry, archiviste du Département de l’instruction publique, aux pages 27 et 28.
Mise en scène des vitrines et réalisation de la brochure: Véronique Probst, Janine Csillagi et Daniel Edera.
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/exposition-lenfance/
1. Naissance
Les naissances sont généralement accueillies avec joie, et l’on trouve des témoignages de l’émotion des parents dans les papiers privés. La société salue la naissance en l’enregistrant à l’état civil. Avant que celui-ci ne devienne laïque, ce sont les baptêmes que les pasteurs inscrivaient dans les registres paroissiaux, à Genève dès 1546.
Acte de baptême d’un enfant devenu célèbre: Jean-Jacques Rousseau, 4 juillet 1712
Né le 28 juin 1712, Jean-Jacques Rousseau est baptisé six jours plus tard, à Saint-Pierre, par le pasteur Senebier. Le registre mentionne par erreur David comme prénom du père, qui s’appelait en réalité Isaac. Le bébé est “présenté” par son parrain, Jean-Jacques Valençan (AEG, E.C. St Pierre, BM 11).
Exemple très précoce d’une chambre d’enfants dans un inventaire judiciaire, 1682
Dans certaines circonstances, par exemple lorsque le défunt a des enfants mineurs, la justice dresse un inventaire après décès. Grâce à ces inventaires, il est possible de connaître l’agencement des pièces et le mobilier. Au XVIIe siècle, la plupart des logements n’avaient que deux ou trois pièces, et on ne trouvait de véritable spécialisation des locaux que chez les personnes disposant d’une grande fortune.
L’appartement du riche marchand Robin Delacombe, qui compte une vingtaine de pièces, est exceptionnel: il dispose d’une “chambre des enfans”, avec une table ronde, un coffre, un bahut (meuble de rangement) et trois lits, dont l’un est probablement réservé à la gouvernante. On dort à plusieurs dans un lit, et les berceaux sont rares, les nouveau-nés dormant avec leurs parents. Les chambres d’enfants ne se répandent vraiment dans la moyenne bourgeoisie qu’à partir du XIXe siècle (AEG, Jur. Civ. 223).
Affiche relative à l’enregistrement des naissances, 18 août 1794
Après la révolution genevoise de 1792, l’idée d’un état civil laïque, déjà introduit en France, fait son chemin. Cet avis prouve que la présence d’un “chirurgien” pour assister à l’accouchement est devenu courant, et que le prénom est souvent attribué par le parrain (AEG, Placard 1220).
Poème composé par Antoine Carteret à l’occasion de la naissance de sa fille, 1862
L’émotion que ressentent les parents à la naissance d’un enfant leur inspire parfois des vers! Ici, Antoine Carteret, homme d’Etat genevois, salue le baptême de sa fille Berthe (AEG, Archives privées 126.27):
[…] Un enfant a l’attrait si vif de l’innocence;
Autour de son berceau voltige l’espérance;
Quel paisible sommeil !
Un enfant c’est la fleur entr’ouvrant son calice,
C’est un matin d’avril, quand sous les rameaux glisse
Un rayon de soleil […]
Le Journal de bébé tenu par Maman, carnet édité par Bernard Grasset, Paris, 1927. Tenu pour un bébé genevois né le 18 avril 1929
Dès le XIXe siècle, on trouve des livres et carnets pré-imprimés pour permettre aux mamans de noter les événements marquants des premières années de leur enfant, selon des rubriques bien définies: “La naissance de bébé”, “Premières impressions de maman”, “Première journée de bébé”, “Visites reçues”, “Première sortie de bébé”, “Bébé regarde”, “Bébé entend”, etc. Il arrive que de tels carnets, de provenance privée, soient donnés ou déposés dans des archives publiques (AEG, Archives privées 105).
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2. Nourrice
Les fréquents décès de mères en couches et certaines croyances relatives aux méfaits de l’allaitement font de la mise en nourrice une nécessité. Les nourrices existent déjà sous l’Antiquité, et les couches aisées de la population y ont encore recours pendant le Moyen Age et sous l’Ancien Régime. Grâce à l’influence de Jean-Jacques Rousseau, et, plus tard, à celle des médecins, l’allaitement maternel est revalorisé dès la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Ordonnance sur la peste du 14 août 1564
Au milieu du XVIe siècle, si les autorités n’ont pas les connaissances scientifiques suffisantes pour comprendre comment se répand la peste, elles savent que c’est une maladie contagieuse. Pour éviter l’épidémie, elles isolent les personnes – y compris les nourrices – en contact avec les malades. Voici les deux articles qui les concernent:
- “Celle qui aura allaicté une fois ung enfant d’une femme malade demeurera douze jours enfermée.”
- “Celle qui prendra à nourrir l’enfant d’une mère qui seroit morte de peste, après avoir esté l’enfant lavé de vin et remis à la nourrice, elle demeurera vingt jours enfermée” (AEG, P.H. 1765).
Annonces de la Feuille d’Avis de Genève, 31 janvier 1789
Les familles genevoises de la fin du XVIIIe siècle se servent couramment de la Feuille d’Avis, créée en 1752, pour trouver des nourrices. De la même manière, les mères capables de prendre un bébé en nourrice annoncent leur disponibilité. Sur une page, sous la rubrique “Conditions demandées”, figurent trois demandes de nourrices, et, sous “Conditions offertes”, trois offres, ainsi que trois annonces de femmes qui se proposent pour garder des enfants.
“Pour la St. Pierre, une laitière de bonnes moeurs, munie de bonnes recommandations, s’adr. au Sr. Gros, à la Petite-Pommière.”
“Une servante protestante qui aimât les enfans, qu’elle fût douce, d’âge mûr, propre, robuste & qui sache faire un peu de cuisine; s’adr. Chez Mme Bry, maison Raffinesque à Pleinpalais.”
“Une jeune nourrice de bonne santé, qui accouchât au commencement de février: on voudroit qu’elle eût déjà nourri , et on la prendroit à la maison. S’ad. Chez Madame Mallet de Tournes, rue de Beauregard.”
“Une jeune femme dont le lait a 2 mois, offre de nourrir…”
“Une fille offre de servir en ville pour soigner un enfant ou faire de gros ouvrages de ménage; S’adresser… “
“Une nourrice dont le lait a 15 jours offre…”
“Une fille de très bonnes moeurs & dont l’on peut donner de bons témoignages, s’offre pour femme de chambre ou fille d’enfans dans l’étranger.”
“Une très bonne nourrice, saine & robuste, dont le lait est frais, s’offre…”
“Deux filles s’offre pour fille d’enfans ou autres services…”
Page de l’Annuaire du Département du Léman, avec la Société de charité maternelle, 1814
Napoléon Bonaparte crée de telles sociétés dans tous les chefs-lieux de département. En sa qualité de chef-lieu du Département du Léman, Genève en possède aussi une. Pour obtenir les secours de la Société, les femmes de milieu modeste doivent remplir certaines conditions; elles doivent notamment s’engager à nourrir elles-mêmes leur enfant: “Les conditions sont […] que la légitimité de l’enfant soit constatée par acte de mariage des parens, que leur réputation soit bonne […]. Il faut en outre que la femme qui se présente s’engage à nourrir son propre enfant; elle perd les secours de la Société, si dans le cours des quatorze mois de l’adoption elle vient à mettre son enfant en nourrice sans y être forcée par la maladie”.
Dans le Conseil siègent de nombreuses femmes issues de milieux aisés; exclues de la vie politique, elles trouvent dans les tâches liées à la maternité et à la petite enfance une manière de participer à la vie publique (p. 206-207).
Le carnet de bébé, avec les courbes comparées du poids de deux bébés genevois, René, né en 1900, et Robert, né en 1946
Dès la fin du XIXe siècle, les mères sont encouragées à peser régulièrement leur bébé et à suivre l’évolution de son poids pour s’assurer qu’il est en bonne santé (AEG, Archives privées 50.22).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/2-nourrice/
3. Enfants trouvés
Sous l’Ancien Régime, les orphelins, les enfants abandonnés et les enfants de parents indigents ou jugés incapables d’assumer moralement leur progéniture sont confiés à l’Hôpital général. Si l’institution publique doit permettre à ces enfants de vivre décemment, elle a également pour tâche de leur inculquer une certaine moralité, afin qu’ils restent sur le droit chemin et deviennent des individus responsables.
L’Hôpital général, qui souhaite éviter une trop longue prise en charge des enfants, les place à la campagne, chez des particuliers. Les nourrissons et les enfants jusqu’à quatre ans sont habituellement confiés aux soins d’une nourrice. Dès l’âge de cinq ans, ils sont mis en pension chez des agriculteurs dont la charité n’est malheureusement pas la principale motivation, les avantages économiques – main d’oeuvre gratuite et manne financière – étant souvent plus convainquants.
Enquête judiciaire suite à l’abandon d’un enfant à la porte de l’Hôpital, février 1780
Chaque exposition d’enfant donne lieu à une enquête, dans laquelle figurent l’inventaire des objets trouvés sur le bébé, le rapport du médecin chargé d’évaluer son âge et son état de santé, l’audition de la personne qui a trouvé l’enfant, et, parfois, un message rédigé par l’auteur de l’abandon. Ici, le portier de l’Hôpital (actuel Palais de justice, au Bourg-de-Four), raconte “quà neuf heures moins un quart du soir, il étoit dans le cabinet vers la porte de l’Hôpital, qu’aiant entendu un enfant pleurer derrière la porte il se leva et aiant ouvert la porte il trouva au haut du degré [escalier] un enfant dans une corbeille. Qu’il n’apperçut personne aux environs […]“. Dans la corbeille, il trouve le message suivant: “Je suit une pauvre mêre onteuse, qui me voit obligée dêxeposée mon enfant au charité de l’Hopital publique, bien mal grée moy, et contre ma volonté, parce que je me trouve sans apuit, et envelopée de toutes par dans les cordage de la pauvreté et de la misère […]. Son nom et Jean David, que Dieu le bênise, je ta bandonne mon cher enfant, ayant les larme au yeux et le coeur froissé et brisé.” (AEG, P.C. 13468).
Procès-verbaux de la direction de l’Hôpital, avec billet accompagnant un enfant trouvé, mars 1766
Ce billet est particulier, car le père ou la mère a pris toutes les précautions pour pouvoir récupérer un jour son enfant. Un dessin très fin à la plume, qui pourrait indiquer un père orfèvre ou graveur, est découpé le long d’une ligne crantée irrégulière. Le parent conserve un volet, pour pouvoir prouver, en emboîtant son morceau, qu’il est bien l’auteur du billet: “Ce petit garçon est né le 20e mars 1766, à 9 [heures] 1/4 du matin. Il n’a point été baptisé, ce que l’on prie de faire, en lui mettant le nom Jean François; le père et la mère de cest enfant prient Messieurs les Directeurs l’Hôpital d’en avoir soin, de le faire élever avec tous les soins possibles, puisque un jour cest enfant pourroit être redemandé avec un papier à double et qui doit se rencontrer avec celui-ci”.
Le registre nous apprend qu’il s’agit d’un enfant illégitime né de père citoyen, et que l’Hôpital a accepté de le prendre en charge moyennant le versement de 100 écus. L’anonymat des parents est respecté; l’accouchement a eu lieu “en Suisse”, c’est-à-dire, probablement, dans le Pays de Vaud, ce qui permettait d’échapper au regard des dizeniers, de la police et des pasteurs de la ville. Le billet est soigneusement cousu avec le cahier pour éviter toute perte (AEG, Archives hospitalières Aa 105, p. 54-55).
Registre particulier pour les baptêmes des enfants nés à l’Hôpital et les enfants trouvés, 1781-1794
Les baptêmes sont célébrés dans le Temple de l’Hôpital, qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle salle d’audience de la Cour de Justice. En effet, l’Hôpital général occupe jusqu’au milieu du XIXe siècle l’ensemble de bâtiments du Bourg-de-Four aujourd’hui dévolu à la justice.
Le registre distingue les enfants trouvés, les enfants nés hors mariage (“bâtard”) et les enfants abandonnés, pour qui il indique aussi le lieu d’exposition. Le mois de juin inspire des noms: Elizabeth Junia, “nouvellement née”, exposée à la grande porte de l’Hôpital le 11 juin 1788, Jean-Claude Junier, “jugé né depuis 4 à 5 jours”, également déposé devant la porte du Bourg-de-Four. Parfois la mère ou le père demande un nom particulier: c’est le cas pour Jeanne d’Arc (!), exposée le 6 avril, “le nom demandé par un billet” (EC, Registres divers 2 bis).
“Etat nominatif des enfans trouvés, abandonnés et orphelins le 22 octobre 1811 sous la direction de l’Hôpital de Genève, dès le 1er âge jusqu’à 20 ans”
Cette liste recense 124 enfants trouvés, et, au verso, 28 enfants abandonnés, 9 orphelins de père et de mère et 31 orphelins de père ou de mère. En parcourant les noms donnés aux enfants trouvés, on peut en distinguer des “topographiques”, sans doute liés au lieu d’abandon du bébé: Gaspard Portique, Daniel Jolipré, Marc-Joseph Rive, Horace Rivière, ainsi que des noms liés au calendrier: Isaac Vendredi, Pierre Avril, Pierre Messidor, Daniel Janvier. Il y a encore des noms fantaisistes, comme Auguste Jolinom ou Christian Dusouci (AEG, Archives hospitalières P 2393).
Recueil des actes de la Préfecture du Département du Léman pour l’année 1812
Sous l’Empire, l’abandon d’enfant est fréquent: les temps sont difficiles, les hommes sont appelés sous les drapeaux et, souvent, ne reviennent pas. Pour éviter les trop fréquentes homonymies, le Préfet du Département du Léman édicte quelques recommandations aux maires: “Pour éviter des confusions et des réclamations très fondées, on doit éviter de donner, aux enfans trouvés, des noms connus pour appartenir à des familles existantes, et qui sont pour elles une sorte de propriété souvent très précieuse. Il faut donc chercher ces noms soit dans l’histoire des temps passés, soit dans les circonstances particulières à l’enfant, comme sa conformation, ses traits, sont teint; le pays, le lieu, l’heure où il a été trouvé. Il convient néanmoins d’observer qu’il faut rejeter avec soin toute dénomination qui serait ou indécente, ou ridicule, ou propre à rappeler que celui à qui on la donne est un enfant trouvé.” (24 juillet 1812, p. 378-379).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/03-enfants-trouves/
4. Placement des enfants assistés
Deux carnets d’enfants assistés, Jeanne-Pernette Lalidette et Pierre Ubelin, 1789-1805
Ce petit carnet constitue en quelque sorte le dossier de l’enfant: il l’accompagne pendant toute sa jeunesse. La direction de l’Hôpital y note la mise en nourrice (“mise en nourrice chez Pierre Fontaine à Filinge à 9 florins par mois“), les observations sur son état de santé (“vu le dit bien portant et propre ce 17 août 1790“), et les sommes dépensées pour le vêtir (“nous l’avons vu tout nud ses habillemens étant devenus trop justes parce qu’il a beaucoup grandi et grossi. [acheté] 5 bonnes chem[ises], 1 mauv[aise]“.
Les petits carnets parvenus jusqu’à nous sont extrêmement rares (AEG, Archives hospitalières P 2412 bis et 2412 ter).
Recensement du village de Cartigny, 1797
Dès que possible, les enfants confiés à l’Hôpital sont placés à la campagne. Ce recensement les signale par la mention “Hop.” dans la marge de droite. Ainsi, la famille de Jean-Jacques Dedomo, laboureur (n° 26), héberge trois jeunes filles, Louise, Emilie et Judith, âgées respectivement de 13, 9 et 8 ans (AEG, Recensement A 46).
Contrat d’apprentissage d’un pupille de l’Hôpital, 1759
Les enfants dont l’Hôpital a la charge sont rapidement placés en apprentissage auprès d’un maître ou d’une maîtresse de la ville. Les placements sont suffisamment nombreux pour inciter la direction de l’Hôpital à faire préimprimer des formules. Philippe Galley, orfèvre, promet de “bien enseigner sa ditte profession” à son apprenti Jacques Malcontent, “de le nourrir, coucher & blanchir son linge, […et] de l’instruire à l’honneur & crainte de Dieu & bonnes moeurs, & lui faire fréquenter les Saintes Assemblées” (AEG, Archives hospitalières P 2389).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/4-placement-des-enfants-assistes/
5. Orphelinats
Au début du XIXe siècle, l’Hôpital général confie ses pupilles à des établissements spécialisés, institutions philanthropiques pour la plupart, qui voient le jour durant la première moitié du XIXe siècle. Ces établissements privés, reconnus d’utilité publique par l’Etat jusque dans les années 1846, répondent à un souci d’éducation morale fortement remise en cause lors de placements chez des particuliers.
L’Etablissement des orphelines de la Ville de Genève est fondé en 1805 pour recueillir les jeunes filles âgées de cinq à dix ans ; l’Asile de Plainpalais ouvre en 1815 sous le nom d’Asile de l’enfance et accueille des jeunes filles de six à treize ans; ou encore la Pommière, créée en 1821, à l’origine installée aux Philosophes, qui devient en 1823 l’Ecole rurale de jeunes filles, puis l’Ecole rurale de la Pommière. Pour les garçons, il y a notamment l’Ecole rurale de Carra qui fonctionne de 1820 à 1850.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on assiste à l’étatisation des structures d’aide sociale ; cette tendance marque une volonté du gouvernement radical de s’approprier le terrain des affaires sociales (cf. Loi sur les fondations, de 1849), activités jusqu’à présent aux mains de philanthropes, issus de l’élite conservatrice. Dans ce contexte, la construction d’une institution étatique, spécialisée dans l’accueil des orphelins, devient urgente. C’est en 1853 que l’Institut des orphelins ouvre ses portes à Genève. Quant aux orphelines, il faudra attendre 1869 pour que l’idée d’ouvrir un établissement semblable, destiné aux filles, fasse son chemin! C’est en 1874 que la Maison des orphelines, appelée aussi Etablissement cantonal des orphelines, ouvre enfin à Varembé.
L’apparition d’établissements privés et publics ne doit pas nous faire oublier qu’à cette époque la prévoyance sociale est encore inexistante. De nombreuses assurances privées voient le jour pour pallier ce manque; parmi elles, l’assurance de secours aux orphelins et aux enfants d’invalides qui date du 1er décembre 1872. Elle voit le jour grâce à un petit groupe d’amis désireux d’aider la veuve d’un des leurs, un certain François Weyermann, ancien président de l’Association des ouvriers bijoutiers genevois. Si l’association d’entraide mutuelle est d’abord créée en faveur des enfants Weyermann, elle sera rapidement destinée à des cas semblables. Il faut attendre 1947 pour que notre pays se dote d’une réelle politique sociale, notamment avec l’instauration d’une assurance-vieillesse et survivants (AVS) tenant compte des orphelins.
Arrêté du Conseil d’Etat autorisant la construction d’un Asile des orphelins au 14 de la rue de Lausanne, anciennement route de Suisse
En 1849, sur ordre du Conseil d’Etat, la Chancellerie s’adresse à tous les gouvernements cantonaux pour leur demander s’ils possèdent un tel établissement et comment il fonctionne. A l’époque, seuls Schaffhouse, Zoug, Bâle-Ville, Lucerne et Zurich possèdent une Maison cantonale des orphelins. Quelques années plus tard, le 24 janvier 1851, le Conseil d’Etat autorise la construction d’un institut des orphelins au Pré de l’Hôpital, dans le quartier des Pâquis; sa mise en service date du 1er janvier 1853 (AEG, TP 1851/24).
Plan du Pré de l’Hôpital aux Pâquis, hors Cornavin, levé par Cabrit en 1834 (44 x 59cm)
Ce document donne un aperçu des terrains destinés à la construction d’un institut cantonal des orphelins, en 1851, et faisant partie des propriétés de l’Hôpital de Genève. L’établissement sera composé d’un grand bâtiment à trois pavillons reliés par deux corps de bâtiments. Il sera démoli peu avant 1958, après avoir accueilli les orphelins pendant près d’un demi-siècle, sans distinction de confession. En novembre 1900, ils seront transférés aux Bougeries et l’immeuble abritera pendant quelques années encore des écoles enfantines, puis des appartements locatifs (AEG, Archives hospitalières Ee 19.14).
Demande d’admission d’un enfant à l’Institut des orphelins, 1er mai 1857
Dans le cas présent, il s’agit d’une demande faite par le pasteur Chapuis de la paroisse de Satigny à propos de l’enfant d’une certaine veuve Yersin; cette dernière habite la commune depuis peu et n’arrive plus à s’occuper de son fils. A cette époque, si l’un des parents vient à décéder ou abandonne le foyer familial, celui qui se retrouve avec un ou plusieurs enfants à charge ne s’en sort pas seul; dans ces situations délicates, il n’est pas rare de faire temporairement ou définitivement appel aux établissements spécialisés par l’intermédiaire des pasteurs et des curés (AEG, Archives hospitalières P 210, Asile des orphelins, 1851-52).
Rapport adressé à la Commission administrative de l’Hôpital de Genève par le directeur de l’Institut des orphelins
Ce rapport concerne la marche administrative et les dépenses de l’établissement pendant le premier semestre de l’année 1853, notamment les frais de nourriture, de ménage, de consommation individuelle ou encore les frais d’études et d’apprentissage (AEG, Archives hospitalières P 211, Asile des orphelins, 1853).
Bulletin de conduite des élèves de l’Institut, du 21 février au 6 mars 1856
Il s’agit d’un bulletin rédigé par le régent de l’Asile des orphelins dans lequel figurent des remarques sur la conduite générale des élèves au sein de l’Institut, à savoir leur comportement, leurs progrès à l’école, leurs difficultés, ainsi que leurs aptitudes (AEG, Archives hospitalières P 211, Asile des orphelins, 1856).
Rapport sur les apprentis de l’Institut des orphelins, du 15 mars 1856
Il s’agit d’un rapport de M. Chomel, directeur de l’Institut, adressé à la Commission des orphelins de la Ville de Genève et concernant les orphelins placés en apprentissage dans divers ateliers de la ville (AEG, Archives hospitalières P 211, Asile des orphelins, 1856).
Police d’assurance contractée en faveur de René Pictet auprès de la Société de secours mutuel aux orphelins de Genève
La Société de secours mutuels aux orphelins est admise comme fondation le 6 septembre 1875. Si ses membres sont amenés à gérer la Fondation, ils ont également à coeur de s’occuper personnellement des enfants bénéficiant d’une pension, ” en visitant régulièrement leur famille, en leur apportant aide et conseil en cas de besoin”. Cet engagement des membres différencie la Société de secours mutuels aux orphelins des autres assurances (AEG, Archives privées 50.103).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/5-orphelinats/
6. Catéchisme et cité
A partir de la Réforme et pendant plus de deux siècles, quand les enfants apparaissent dans les registres officiels, c’est très souvent à propos de leur instruction religieuse. Celle-ci revêt pour les autorités une importance capitale: pour devenir un adulte bien intégré dans la société, l’enfant doit suivre le catéchisme et se rendre à l’église le dimanche.
Catéchisme et alphabétisation vont de pair, et les observateurs ont souvent été frappés par le fort taux d’alphabétisation dans la Genève d’autrefois. L’instruction publique mérite une exposition en elle-même – surtout à Genève, dont la tradition pédagogique n’est plus à démontrer -, mais nous ne lui accorderons qu’un très bref éclairage.
Depuis la Réforme, les ordonnances témoignent du souci de rendre l’instruction obligatoire pour tous. Cependant, il n’existe pas d’institution scolaire unique, mixte, à la charge de la collectivité. L’instruction primaire est morcelée.
Cries et édits imprimés, 1560, avec articles sur l’envoi des enfants au catéchisme
Ces édits, qui portent aussi le titre de cries, car ils étaient proclamés oralement en ville, sont une sorte de règlement de police, dans lequel différents sujets sont abordés: comportement à respecter en public, jeux de hasard, bains publics, séjour d’étrangers, hôtelleries, poids et mesures etc. Les premiers articles sont consacrés aux “sermons”, c’est-à-dire à la fréquentation des cultes, et au catéchisme. Les parents sont tenus d'”envoyer les enfans aux catéchismes, pour les instruire”, sous peine d’amende (AEG, Bibliothèque, 531 Rés.)
“Mémoire sur l’établissement d’une société pour faciliter l’instruction de la jeunesse à Genève”, en tête du premier registre de la Société des catéchumènes, 1736
“La jeunesse du bas ordre est mal instruite et encore plus mal morigénée. Les enfans s’adonnent au jeu et à la fainéantise. Ils fréquentent peu les sermons et les catéchismes, et ils s’accoutument à jurer et à proférer toutes sortes de mauvaises paroles”. Le bicentenaire de la Réforme, en 1735, suscite chez certains pasteurs un désir de retour aux sources, et une réflexion sur le relâchement des moeurs et des habitudes religieuses. Cette réflexion aboutira, entre autres, à la création de la Société des catéchumènes, en 1736, dont le but est d’offrir une éducation religieuse gratuite. En plus des trois “hautes écoles” des catéchumènes au Bourg-de-Four, à Rive et à Saint-Gervais, elle dirige deux “petites écoles” de lecture, à Rive et à Saint-Gervais, ouvertes en 1742, les maîtres ayant constaté que certains élèves ne savaient pas lire (AEG, Instruction publique AA 1).
Annonces de la Feuille d’avis, 1774
Dans la Feuille d’avis paraissent les annonces d’un autre mode d’instruction: les petites écoles privées et les leçons particulières. A côté de ces annonces, l’on notera encore les offres de nourrices, “Conditions offertes” 3, 4, 5, 6, 7, et la “fille qui sait coeffer, coudre, tricoter, faire les blondes, [qui] s’offre pour fille d’enfans”! (11).
Feuille d’avis de 1774, p. 166-167
“Une dame s’offre à donner chez les particuliers des leçons de lecture, de religion, de géographie, d’histoire & d’arithmétique”.
“Le Sr. André Casthelaz, maître d’école à Lacconnex, paroisse de Cartigny, offre de prendre des pensionnaires à prix modique, de leur enseigner à lire, l’orthographe, la religion & les élémens de l’arithmétique ; l’air y est sain, & sa femme très propre à soigner les enfans”.
“Une Dlle offre de donner des leçons de lecture”.
“Une personne de la ville, très connue, s’offre à enseigner à des jeunes filles les divers ouvrages de la couture”.
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/6-catechisme-et-cite/
7. Enfants et tranquillité publique
Règlement de police sur la tranquillité à respecter pendant le service divin, 21 janvier 1797
La Révolution genevoise est moins hostile à la religion que la Révolution française. Dieu prend le nom d’Etre suprême, et le culte continue à être célébré dans les églises de la ville. Comme sous l’Ancien Régime, les autorités tiennent à maintenir le calme le dimanche matin. L’article 1 s’adresse aux parents et aux maîtres d’apprentissage: “Les pères et mères de famille, ainsi que les maîtres, sont invités à veiller à l’instruction et à la conduite de leurs enfants et de ceux qui leur sont confiés…” (AEG, Placards 1593).
Punition infligée à des enfants par le Tribunal de police, 1754
L’ordre public est assuré, entre autre, par le Lieutenant de Justice et les auditeurs, qui sont à la fois des commissaires de police et des juges d’instruction. Réunis en Tribunal de police, le Lieutenant et les auditeurs peuvent prononcer de légères peines contre les enfants indisciplinés. Le 29 janvier 1754, huit garçons comparaissent pour avoir “courru les rues et fait du bruit pendant le sermon”, c’est-à-dire le culte. Ils sont “censurés” (réprimandés), “condamnés à demander pardon à Dieu et à N[os] S[eigneurs] (les magistrats) genoux en terre, et à être envoyés au crotton”. Le crotton est un petit cachot aménagé sous l’escalier de l’hôtel de ville. Le registre ne précise pas combien de temps les enfants devront y séjourner, probablement quelques heures (AEG, Jur. Pen. I2 8, p. 149).
Placard interdisant de jeter des “paumes de neige”, 16 janvier 1792
Difficile de résister à la tentation de jeter des boules de neige! Même les adultes sont visés par cette interdiction. Cette affiche nous apprend que l’hiver 1791-1792 fut très rigoureux et que la ville fut bien enneigée (AEG, Placards 765).
Placard interdisant le jet de pierres et de marrons, 10 octobre 1795
Jeter des pierres et des marrons fait partie des amusements des enfants, au XVIIIe siècle comme aujourd’hui. Mais le jeu n’est pas sans danger, et le gouvernement révolutionnaire estime nécessaire de publier une mise en garde sévère, qui s’adresse à la fois aux enfants et aux parents. Considérant qu’il faut “bannir […] les jeux qui peuvent pervertir [le] naturel” des enfants “ou avoir pour eux des effets funestes”, il leur est défendu “de lancer des pierres ou marrons, de quelque manière que ce soit”. Les autorités “enjoignent expressément aux pères et mères de soigner plus particulièrement que jamais l’éducation de leurs enfans” (AEG, Placards 1435).
Contraventions prononcées par la Chambre pénale de l’enfance, 1915
Là où il y a des marronniers, il y a des lanceurs de marrons, au XXe siècle comme au XVIIIe et sans doute avant. Dans ce texte, la justice convoque un jeune garçon de 16 ans accusé d’avoir lancé des marrons contre les passants. Lui s’en défend, et comme la preuve n’est pas suffisamment établie, il est libéré de la poursuite (AEG, 1986 va 23/20-1).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/7-enfants-et-tranquillite-publique/
8. Rodolphe Töpffer
On ne saurait résister, pour illustrer une exposition sur l’enfance à Genève, au plaisir d’évoquer Rodolphe Töpffer (1799-1846). Instituteur, directeur de pensionnat et professeur à l’Académie, le talentueux caricaturiste puise dans son expérience de redoutables portraits d’enfants et de maîtres d’école.
L’Histoire de Mr Crépin (1837) est une satire sévère des systèmes d’enseignement à la mode pendant la 1re moitié du XIXe siècle à Genève: la phrénologie de Franz-Joseph Gall (1758-1828), la méthode de Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) ainsi que tous les systèmes dogmatiques.
Il faut souligner que la parution de ce recueil a suscité une vraie petite polémique, provoquée à la fois par le portrait extrêmement flatteur que Töpffer tire de lui-même – puisqu’il s’est représenté sous les traits de Bonnefoi (dont “la méthode est de faire ce que l’on peut et pour le mieux”) – et par l’attention grandissante du monde politique pour l’instruction.
Histoire de Mr Crépin, planche 7
Cette planche montre bien l’humour féroce et l’ingéniosité dont Töpffer fait preuve dans l’illustration des sottises perpétrées par les fils Crépin. Le fait que le nombre d’enfants varie au fil des pages semble d’ailleurs prouver que le côté “catalogue d’idioties” prime sur la cohérence narrative.
Histoire de Mr Crépin, planche 21
Voici, côte à côte, deux caricatures d’enseignements ainsi que de leur réception auprès des fils Crépin. A gauche, M. Bonichon est un adepte de la méthode de Jean-Joseph Jacotot (1770-1840), pour qui “tout est dans tout”, ce qui lui permet d’ “étudier la physique dans les Aventures de Télémaque”. A droite, M. Fadet a mis au point son propre système “qui consiste à tout réduire en nombres fractionnaires”.
Histoire de M. Cryptogame (1830), planche 62
Sur cette planche, la façon dont les enfants du premier lit de “l’Objet Aimé” accueillent leur père adoptif est très représentative de l’illustration des enfants chez Töpffer: ce sont de véritables “pestes”. Ils sont à la fois joyeux, exubérants, envahissants et… effrayants, tout en formant une grappe d’enfants débordant d’affection!
Couplets chantés au baptême d’Esther Töpffer (1840)
Née le 10 septembre 1840, Esther est la dernière fille de Rodolphe, qui a alors 41 ans. Cette charmante gravure pleine de tendresse laisse bien paraître la joie et l’émerveillement ressentis par le dessinateur, dont la plume elle-même semble attendrie, si ce n’est désarmée.
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/8-rodolphe-topffer/
9. Promenades et promotions
La fête des promotions a été instaurée par Calvin, au moment de la création du Collège (Leges Academiae de 1559). Les élèves se rendaient en cortège du Collège à la cathédrale Saint-Pierre où se déroulait une cérémonie solennelle en présence des autorités civiles et religieuses de la cité. Les réjouissances de l’après-midi, longtemps laissées aux frais des familles des élèves primés, ont été officialisées dès 1844 par une fête organisée sur la Plaine de Plainpalais. Le passage de la Plaine de Plainpalais aux Bastions se situe entre 1884 et 1885 pour les écoles enfantines de la Ville mais le lieu de fête des écoles primaires municipales est lui beaucoup plus variable.
Certaines années de guerre, les fêtes des promotions ont été totalement ou partiellement supprimées: en 1915, fêtes et cortèges ont été annulés par le Conseil d’Etat et le Conseil administratif de la Ville de Genève. En 1916, seules les fêtes dans les parcs et les collations ont été rétablies, mais pas les cortèges. En 1940, cortèges et fêtes de l’après-midi n’ont pas eu lieu tandis qu’en 1941, les Promotions se sont déroulées de façon toute spéciale au Parc des Eaux-Vives à l’occasion des célébrations organisées pour le 650e anniversaire de la Confédération.
Chantal Renevey Fry, archiviste du DIP
Fête des promotions des écoles enfantines de la Ville, 1957
Jusqu’en 1916 au moins, une collation était servie aux Bastions à l’issue du cortège, mais les enfants repartaient ensuite en rangs jusqu’à la Plaine de Plainplalais pour s’y amuser. Dès 1920, collation et amusements seront regroupés dans cet endroit qui restera le lieu principal de la fête jusqu’en 1964, à l’exception de l’année 1924 et des années 1928 à 1931 où tout se passe aux Bastions. En cas de pluie, les enfants se rendent au Bâtiment électoral jusqu’à son incendie en 1964. Si le ciel fait la grimace, c’est ensuite dans les écoles elles-mêmes que l’on ira s’abriter (Archives DIP/Secrétariat général, cote AEG 1985 va 5.3.752).
Lettre du 25 juin 1965 au commandant de la gendarmerie
Le cortège passe dans la Basse Ville depuis 1886 mais les élèves partaient alors de la Promenade du Lac, près du Jardin Anglais, avant de parcourir les Rues Basses jusqu’à la Corraterie. C’est en 1965 seulement que les enfants des écoles enfantines sont rassemblés au boulevard Jaques-Dalcroze. Les élèves des écoles primaires du quartier suivent le même tracé et tous sont bien encadrés par la gendarmerie qui assure régulièrement le service d’ordre des cortèges (Archives DIP/Direction de l’enseignement primaire, cote AEG 1985 va 12/98; photos privées de 1949, 1972 et 1983).
Cocardes
Cocardes en frise et description des décorations pour les promotions de 1958 (Archives DIP/Secrétariat général, cote AEG, 1985 va 5.3.797).
Pas de promotions sans cocardes! La confection de celles-ci se fait selon une description précise et tout le monde ne porte pas la même: couleurs et formes varient selon les âges, les fonctions… et les années qui passent, pour éviter tout resquillage! Modernité oblige, depuis 1992, les pin’s ont remplacé les morceaux de ruban (cocardes et “pin’s”: collection privée).
Note du 27 mai 1957 à la direction de l’enseignement primaire (Archives DIP/Secrétariat général, cote AEG, 1985 va 5.3.752).
Cortège
En 1998, c’est la révolution. En Ville de Genève, le terme séculaire de “promotions” disparaît au profit d’une banale “fête des écoles”. Le seul cortège qui subsiste est celui des écoles enfantines auxquelles on propose un thème de déguisement. Les grands se rendent en ordre dispersé le vendredi soir dans les différents parcs de la ville et les cérémonies du matin sont supprimées, après qu’une votation populaire a aboli les prix en mai 1981. Deux ans durant, les élèves de sixième sont encore invités au Victoria Hall pour y recevoir le dictionnaire qui marque symboliquement la fin de leur scolarité primaire; mais cette cérémonie est elle aussi abandonnée en l’an 2000.
Cortège de la fête des écoles enfantine de 2001, photos de Françoise Netz. “Pin’s”: collection privée.
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/9-promenades-et-promotions/
10. Justice pénale
Avant le XXe siècle, il n’existe pas de juridiction pénale particulière pour les mineurs. Comme dans toute société, il arrive que des jeunes “sauvageons” commettent des délits. Lorsque ces écarts dépassent la simple contravention, la justice ordinaire se saisit du cas, et procède à une enquête et des interrogatoires.
Procédure pénale contre des enfants accusés d’avoir commis des déprédations dans un bâtiment public, novembre 1752
En novembre 1752, de petits bergers, de 10 ou 12 ans, qui font paître leurs moutons dans les fossés des fortifications, sont accusés de déprédations dans un corps de garde : avoir arraché des planches pour préparer un feu, afin de cuire des saucisses. Ils semblent aussi avoir passé la nuit dans une casemate, dont la porte a été retrouvée ouverte et le sol parsemé de crottes de brebis. Ici, l’interrogatoire du jeune Pierre Weber, d’Aarberg, âgé de 12 ans (AEG, P.C. 9937, f° 3, 17 novembre 1752).
Procédure pénale contre de jeunes voleurs de chocolat et de sucre, mars 1790
En mars 1790, plusieurs jeunes sont arrêtés pour de petits larcins commis en bande. On reconnaît l’enfance dans le choix des objets convoités: du chocolat, du sucre!
Interrogatoire de Jean Kobiy, âgé de 16 ans. Il avoue avoir volé, devant la boutique du sieur Julien, épicier, six plaques de chocolat posées à refroidir sur une planche; ses amis veulent ensuite l’entraîner pour voler du sucre en pain et du café chez un épicier en l’Ile, mais il refuse. Il est condamné à 15 jours de prison en chambre close, dont huit jours au pain et à l’eau. Pour l’époque, la peine est relativement clémente, car la jeunesse est considérée comme une circonstance atténuante (AEG, P.C. 2e série 4849, fos 11 et 12, 3 mars 1790).
Sentence prononcée par la Chambre pénale de l’enfance, nov. 1915
La Chambre pénale de l’enfance, juridiction créée en 1913 pour s’occuper spécifiquement des mineurs, est l’ancêtre du Tribunal de la jeunesse. Ici, elle condamne une écolière de douze ans, qui a commis un vol “dans des conditions qui dénotent un esprit vicieux”, à être placée en liberté surveillée jusqu’à sa majorité et à être pourvue d’une curatrice, dans l’espoir qu’avec son aide elle “arrivera à modifier son caractère” (AEG, 1986 va 23/21-1).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/10-justice-penale/
11. La justice civile
En ancien droit genevois, un mineur âgé de moins de 14 ans, orphelin de père, est pourvu d’un tuteur entouré d’un conseil tutélaire, et un mineur de plus de 14 ans d’un curateur assisté d’un conseil curatélaire. Le mariage met automatiquement fin à la curatelle.
Premier registre du Comité des tutelles et curatelles, mai 1798
Au XVIIIe siècle, l’administration se développe. Plusieurs organes, dont la Chambre des tutelles (1782), ancêtre du service du Tuteur général, sont créés. A la Chambre des tutelles, qui supervise les tutelles et vient en aide aux orphelins indigents, succède en 1797 le Comité des tutelles. Ici, quelques exemples de son activité : prise en charge de frais d’inventaire judiciaire, d’apprentissage, admonestation d’un jeune orphelin de père et dont la mère réclame de l’aide parce qu’il dissipe “son patrimoine par des dépenses extraordinaires” par “des voyes indécentes, despectueuses […]” (AEG, Tutelles A 1, p. 123-124).
Rapport de la Commission officielle de protection des mineurs dans un registre de décisions de la Chambre des tutelles, 30 novembre 1920
Conformément au Code civil suisse, un enfant illégitime doit être pourvu d’un curateur. Quand l’un des parents initie une action en paternité et que les rapports lui sont favorables, l’autorité tutélaire peut lui conférer la “puissance paternelle”. Dans le cadre de ces procédures, l’on rencontre parfois des rapports de la Commission officielle de protection des mineurs, ancêtre de l’Office de protection de la jeunesse et du service du Tuteur général.
Ici, l’enquêteur (l’expression “assistant social” n’existait pas encore) rapporte: “Je n’ai pas recueilli de mauvais renseignements sur ce couple, en tout cas leur enfant paraît bien entouré, et j’ai constaté qu’il était bien portant, en outre proprement vêtu malgré l’heure matinale à laquelle je me suis présenté dans ce milieu” (1986 va 23/5.2).
Rapport de la Commission centrale de l’enfance abandonnée dans le cadre d’une procédure de retrait de garde, 5 juillet 1912
La Commission centrale de l’enfance abandonnée, créée en 1892, précède la Commission de protection des mineurs. Elle rédige aussi des rapports à la demande de la Chambre des tutelles.
Dans l’exemple présenté, elle estime que l’enfant, âgé de six mois, doit être retiré à sa mère: “Il résulte des enquêtes de Police et Comité de quartier […] que la femme P. vit dans un taudis. Qu’elle s’absente une grande partie de la journée, laissant son enfant seul à la maison, dans des conditions d’hygiène déplorables. Qu’elle vit en concubinage et que ses sentiments à l’égard de son enfant ne sont pas empreints de tendresse maternelle.” L’autorité tutélaire suit son préavis (AEG, 1986 va 23/8.1).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/11-justice-civile/
12. La mortalité infantile
Depuis 1545, les décès en ville de Genève sont enregistrés par les médecins visiteurs des morts, qui en notent aussi les causes. Ces registres constituent une source précieuse pour l’histoire de la démographie et de la santé publique. Ils font notamment apparaître, dans les siècles passés, une forte mortalité infantile.
Testament d’une femme enceinte, 1693
A cause de la fréquence des décès en couches et des morts de nouveau-nés, les femmes enceintes associaient autrefois étroitement dans leurs pensées la mort et la nouvelle vie en devenir. C’est pourquoi l’on rencontre dans les archives de nombreux testaments de jeunes femmes primipares.
“Me treuvant aujourd’huy dans un estat auquel les personnes de mon sexse doivent avoir la mort plus présante à leurs esprit que dans aucune autre occasion”, écrit Marie Rubatty, pour expliquer les circonstances qui la poussent à prendre la plume. Elle institue pour son héritier universel “l’enfant qu’il plaira à Dieu de faire naître de moy”. Elle prévoit aussi l’hypothèse d’un double décès, le sien et celui de son bébé, en désignant un héritier de substitution.
Généralement, les testatrices enceintes lèguent leurs biens à l’enfant ou aux enfants à naître, à parts égales, prévoyant des jumeaux ou des grossesses futures. L’auteure de ce testament a survécu 16 ans à son accouchement, et n’a pas estimé nécessaire de modifier ses dernières volontés (AEG, Jur. Civ. E 10, p. 341, testament du 20 octobre 1693).
Registre des visiteurs des morts, 1775
Sur ces deux pages, l’on peut relever, entre le 12 et le 13 juin, les décès d’un garçon de neuf ans, d’un garçon de deux ans et demi, d’un bébé de 15 jours, morts tous trois de “convulsions”, terme bien peu précis; il y a aussi trois enfants mort-nés, que le médecin, dans sa statistique récapitulative de la quinzaine, mentionne sous le terme d'”avortons” (AEG, Santé I 1).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/12-la-mortalite-infantile/
13. Vaccination contre la variole
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la variole ou petite vérole est une maladie mortelle qui touche principalement les enfants, surtout ceux en bas âge; presque tous l’ont contractée avant d’atteindre l’adolescence. A Genève, les premières inoculations de la petite vérole ont lieu à l’Hôpital général, en 1751, et nécessitent une quinzaine de jours sous surveillance médicale ; cette pratique nouvelle touche essentiellement les enfants de l’aristocratie et les pupilles de l’Hôpital, les classes moyennes et laborieuses restant très méfiantes, malgré le grand nombre des décès imputés à cette maladie. Il faut attendre la découverte de la vaccine par l’Anglais Edouard Jenner, en 1796, pour que les épidémies de variole cessent d’être aussi dévastatrices. La dernière grave épidémie a lieu à Genève en 1800 et coïncide avec les débuts de la vaccine.
Extrait du registre des arrêtés du Préfet du Département du Léman concernant la création de la Société de vaccine, 19 janvier 1813
En 1800, la vaccine fait son apparition à Genève ; grâce aux efforts des autorités pour convaincre le plus grand nombre de la nécessité de se faire vacciner, il s’ensuit dès 1801 une très nette amélioration de la situation perceptible jusqu’en 1812 (1er portefeuille).
Publication officielle du 5 septembre 1825 concernant les campagnes de vaccination publiques
De manière générale, les campagnes de vaccination publiques sont mieux acceptées par la population genevoise – familiarisée avec l’idée de l’inoculation depuis près d’un demi-siècle – que par celle d’autres pays ou des régions avoisinantes. Malgré cette évolution des mentalités, les pouvoirs publics sont régulièrement obligés de sensibiliser la population et de lui faire admettre la nécessité de vacciner tous les enfants contre la variole, même les plus jeunes (AEG, Bibliothèque, Girod 52/15, Pièces diverses de 1825).
Registres des vaccinations publiques et gratuites contre la variole du Service d’hygiène cantonal, pour l’année 1885 et l’année 1935
Ces registres plus récents montrent que l’idée de vaccination publique a fait bien du chemin depuis le début du XIXe siècle. Non seulement la pratique s’est institutionnalisée, mais encore les patients sont beaucoup plus nombreux et plus jeunes qu’auparavant (AEG, Hygiène Ba 1 et Ba 48).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/13-vaccination-contre-la-variole/
14. Pédiatrie
Dès le début du XIXe siècle, l’on assiste à la multiplication des établissements spécialisés dans les soins aux enfants, qu’il s’agisse de soins médicaux, de soins préventifs ou d’encadrement social. Mais il faut attendre l’essor de la médecine scientifique, à la fin du XIXe siècle, pour voir surgir la pédiatrie comme discipline spécifique.
Observations et diagnostics d’enfants malades examinés en consultation privée au dispensaire de Saint-Léger, 1887-1888
Avant la création de la clinique de pédiatrie de l’Hôpital cantonal, il y avait plusieurs dispensaires en ville où les parents pouvaient présenter leur enfant malade à un médecin, souvent gratuitement. Dans le registre de consultations du dispensaire de Saint-Léger, fondé par le docteur D’Espine (son premier dispensaire se situait à la rue du Rhône), le médecin note, par colonnes, le nom de l’enfant, son mode d’alimentation (“au sein”, “à la bouteille”), des remarques sur son environnement familial (par exemple s’il a des frères et soeurs malades), son âge, le premier diagnostic, des observations sur l’état du malade, enfin le remède prescrit (“lait stérilisé”, “eau de Vals”, “bains aromatiques”, “lait de chèvre”, “3 blancs d’oeuf par jour avec du rhum”, etc.) (AEG, 1985 va 26).
Plan du rez-de-chaussée du pavillon de chirurgie de l’Hôpital Gourgas, 1907
En plus des dispensaires, il existe un Hôpital pour enfants malades, rue Gourgas, à Plainpalais, surnommé Hôpital Gourgas. Financé par des fonds privés, et dirigé par des femmes, Hélène Vernet, Mlle Eberli, puis les diaconesses de Saint-Loup, il fut fondé en octobre 1872. Les médecins, en revanche, étaient tous des hommes: André Duval, Paul Maunoir, Edouard Martin, Paul Binet, Eugène Revilliod et Henri Audéoud.
En 1907, la petite salle de chirurgie du bâtiment principal fut remplacée par un pavillon spécialisé, dont l’architecte est Auguste Bordier (AEG, Travaux publics, annexe 160/1907). [Non reproduit]
Vues extérieure et intérieure de l’Hôpital Gourgas (CIG, coll. Vieux- Genève)
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/14-pediatrie/
15. Clinique infantile
A Genève, la première véritable clinique infantile est instaurée en 1910, parallèlement à la création de la première chaire de maladies infantiles, tenue par Adolphe d’Espine. Elle occupe, avec la clinique d’ophtalmologie, le bâtiment abandonné par la Maternité en 1908. Seuls les cas médicaux lui sont attribués; d’autres services spécialisés, comme la chirurgie ou la dermatologie, reçoivent aussi des enfants. Les nourrissons sont soignés à la Maternité.
Registre particulier pour les malades atteints de diphtérie, 1877-1894
La diphtérie est une maladie redoutable qui, avant le vaccin généralisé, frappait surtout les jeunes enfants. Pour mieux suivre la maladie, les patients de l’hôpital atteints de diphtérie – enfants comme adultes – sont inscrits dans un registre particulier, dans lequel sont notées les étapes de l’évolution de la maladie et les interventions opérées, comme la trachéotomie, qui permettait de dégager les voies respiratoires (AEG, 1985 va 26).
Création de la chaire de médecine infantile et nomination du professeur Adolphe d’Espine par le Conseil d’Etat, 13 novembre 1908
Le professeur d’Espine enseigne déjà la pathologie interne à la Faculté de médecine lorsqu’on lui confie un enseignement clinique de pédiatrie de deux heures hebdomadaires. Son salaire est de Fr. 2’500 par an, y compris l’enseignement de pathologie. La clinique de médecine infantile ouvrira peu après (AEG, R.C. 503, p. 759). [Non reproduit]
Premier registre d’entrées de la Clinique infantile, commencé le 12 avril 1910
Dans les registres d’entrées figurent, en dehors du nom, de l’âge et de l’origine de l’enfant hospitalisé, un bref diagnostic, la durée du séjour, et la salle dans laquelle l’enfant est placé. Il y avait des salles spéciales pour la diphtérie et la scarlatine, transformées en véritables pavillons d’isolement en 1911 (scarlatine) et 1914 (diphtérie). Les croix rouges signifient que l’enfant est décédé (AEG, 1985 va 26).
Quelques fiches d’entrée pour la clinique de pédiatrie, 1921
Les médecins genevois disposaient d’un carnet à souches pour demander l’hospitalisation de leurs patients. Quand ils envoient un petit malade à la Clinique de pédiatrie, ils fournissent un bref diagnostic, et précisent si l’hospitalisation est urgente et pourquoi (AEG, 1985 va 26).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/15-clinique-infantile/
16. L’Union internationale de secours aux enfants
Prospectus de l’assemblée constitutive de l’UISE, 6-8 janvier 1920, à Genève, avec composition du comité d’initiative
L’IUSE est fondée par le Save the Children Fund de Londres et le Comité international de secours aux enfants de Berne, sous le patronage du Comité internationale de la Croix-Rouge (AEG, Archives de l’Union internationale de secours aux enfants, 2.1).
Rapport de la commission “Allemagne” présenté à la troisième séance plénière du Congrès des oeuvres de secours, 27 février 1920
“Personne ne peut décrire [les enfants vus par les médecins délégués] avec leurs membres tordus, leurs petits [corps] émaciés ou enflés par la rachite; leur petite figure de vieillard, des enfants trop faibles pour crier, des enfants qui ne sourient jamais.” (AEG, Archives de l’Union internationale de secours aux enfants, 2.1).
Photographies
Dans le riche fonds d’archives de l’Union internationale de secours aux enfants et de l’Union internationale de protection de l’enfance, dont les AEG sont dépositaires depuis 1986, se trouvent de nombreuses photos illustrant les oeuvres de l’Union, ou alors des enfants souffrant de la misère et de la guerre. Les unes sont heureuses, les autres souvent dramatiques.
Asile d’enfants en Allemagne, et distribution de repas dans une cantine à Berlin, vers 1920 (AEG, Archives de l’Union internationale de secours aux enfants)
Groupe d’orphelins admis à l’asile des pauvres, et groupe d’orphelins recueillis par le Croissant-Rouge à Livas, Turquie, vers 1920 (AEG, Archives de l’Union internationale de secours aux enfants).
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17. Déclaration de Genève
Déclaration des droits de l’enfant, 1923
La première déclaration des droits de l’enfant, dite Déclaration de Genève, est adoptée lors du IVe Congrès général de l’Union internationale de secours aux enfants, le 23 février 1923, et ratifiée par le Ve Congrès général le 28 février 1924. Cet original comporte les signatures de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Eglantyne Jebb et Gustave Ador (AEG, Archives privées 33).
Eglantyne Jebb (1876-1928), inspiratrice de la Déclaration des droits de l’enfant
Selon la tradition, la Britannique Eglantyne Jebb conçut la déclaration lors d’une promenade au Salève. Avec sa soeur, Dorothy Buxton, engagée comme elle dans la lutte contre la famine et la misère consécutives à la première guerre mondiale, cette femme remarquable fonda en 1919 à Londres le Save the Children Fund. Portrait d’Eglantyne Jebb (AEG, Archives privées 92).
https://archives-etat-ge.ch/page_de_base/17-declaration-de-geneve/